Daniel est né le 23 mars 1907 à Neuchâtel. Il est le troisième enfant et fils de ses parents Pierre et Amy née Babut. Il sera suivi d'un dernier enfant, une sœur, en 1913.
En 1912, la famille se transporte à Genève où son père est nommé professeur à l'Université. Avec ses frères, il suit un enseignement en classe privée, selon les principes de « l'école active » enseignés par son père (et Claparède) à l'Institut Rousseau. Cet enseignement semble être le seul qui puisse convenir à ce cadet dont tout porte à croire, durant quelques années de sa jeunesse, qu'il restera attardé … Daniel intègre le collège Calvin où il acquiert une maturité en 1925.
En 1929, à l'âge de 22 ans (!), Daniel est docteur ès sciences de l'Université de Genève. Il entre comme assistant – puis en 1937 comme chef de laboratoire – à l'Institut Pasteur de Paris (laboratoire de chimie thérapeuthique).
En 1938, Daniel épouse sa collègue à l'Institut Filomena Nitti avec qui il aura un enfant, Daniel Pierre, né en 1939. Daniel et Filomena étudient les phénomènes allergiques et démontrent que leur source est l'histamine: ils composeront dès lors les premiers antihistaminiques de synthèse qui encore actuellement sont à la base du traitement des allergies. Utilisant l'effet paralysant exercé par le curare – poison naturel toxique – sur les muscles, Daniel réalise la synthèse de composés similaires non toxiques, utilisés depuis lors en chirurgie afin d'obtenir une relaxation profonde et prolongée des muscles, nécessaire dans l'anesthésie de certaines longues opérations. Ses travaux sur le curare sont aussi à la base des neuroleptiques employés en psychiatrie pour la chimiothérapie de l'appareil neuromusculaire.
En 1947, Daniel accepte l'invitation de l'Istituto Superiore di Sanità de Rome et y fonde avec Filomena le service de chimie thérapeutique qu'il dirigera jusqu'en 1964. Il devient ensuite Professeur de pharmacologie à la faculté de médecine de Sassari (1964-1971) et Directeur du laboratoire de psychobiologie et psychopharmacologie du Conseil national de la recherche italien en 1969. Son dernier poste avant sa retraite sera pour la chaire de psychobiologie à la faculté des sciences de Rome en 1971.
Daniel reçoit le Prix Nobel de physiologie et médecine en 1957 pour ses travaux sur les antihistaminiques et les curarisants de synthèse. Lors de la cérémonie le 10 décembre, Daniel, au moment de saluer la reine de Suède, oublie de retirer sa main gauche de sa poche: sans conséquences, l'incident sera considéré comme suffisamment grave pour que la photo officielle soit corrigée avec les moyens de l'époque!
Après une vie intellectuelle comblée, Daniel s'éteint le 8 avril 1992 dans l'appartement qu'il occupe avec Filomena à Rome, sur la piazza Navona.
Daniel (1907-1992)
Daniel et Filomena